Accompagner une personne en deuil : comment en faire assez, mais pas trop
C’est humain, c’est naturel : quand une personne que nous apprécions est triste, nous voulons la consoler. C’est encore plus vrai lorsque celle-ci vit un deuil. Comment bien doser le soutien à apporter? Voici quelques recommandations.
Les différentes facettes du deuil
Il importe d’abord de se rappeler que nous sommes tous différents. Ainsi, chacun vit le deuil à sa façon. Les besoins, les réactions face à la perte de l’être cher, l’accueil réservé face à la sympathie exprimée par l’entourage sont tous différents d’une personne à l’autre… et d’une journée à l’autre! Il n’y a pas qu’un seul chemin pour apprendre à vivre avec l’absence définitive d’une personne aimée. À chacun de trouver sa propre voie.
Quelques principes communs pour tous
- L’écoute est la meilleure façon de bien accompagner une personne endeuillée. Tout d’abord en étant attentif aux besoins qu’elle exprime, mais aussi aux souvenirs qu’elle souhaite évoquer, aux émotions qu’elle veut verbaliser.
- Le respect du chemin qu’emprunte la personne dans son processus de deuil. Elle vit des montagnes russes d’émotions qui peuvent se traduire de bien des façons : colère, repli sur soi, évasion dans la pratique intensive de son activité préférée… Peu importe la voie choisie, respectez-la, tout en restant à l’écoute.
- La bienveillance est nécessaire envers une personne endeuillée. Les bouleversements qu’elle vit peuvent l’amener à avoir des réactions qui sont différentes de ce que vous connaissez d’elle. Il est donc primordial de vous rappeler que, si elle ne souhaite pas vous voir alors que vous avez l’habitude de passer du temps ensemble tous les jours, ce n’est pas parce qu’elle ne vous aime plus. Il faut lui laisser le temps de trouver ses repères dans cette nouvelle vie sans l’autre.
- Le réseau est essentiel autour d’une personne endeuillée, tout autant pour elle que pour vous. Vous n’avez pas à vous imposer la tâche de l’accompagner en tout temps. Respectez ce que vous êtes et vos capacités. Préserver votre équilibre personnel vous permettra de mieux l’accompagner.
Ce que vous pouvez faire pour aider
C’est d’abord à vous d’aller vers la personne en deuil, car, dans ce tourbillon d’émotions, elle n’aura peut-être pas l’énergie nécessaire pour demander de l’aide. Offrez d’être là pour elle, dans la mesure de ses besoins et de vos propres limites :
- Montrez-vous disponible à l’écouter, osez aborder les sujets de la mort et du deuil, en toute simplicité;
- Soutenez-la émotionnellement;
- Déchargez-la de certaines tâches du quotidien en préparant des repas, en aidant aux tâches ménagères, etc.;
- Accompagnez-la dans les démarches administratives ou dans l’organisation des funérailles;
- Offrez-lui du répit en gardant les enfants;
- Proposez-lui de prendre un moment pour se changer les idées en l’amenant faire une activité qu’elle apprécie.
Les maladresses à éviter
Accompagner une personne qui vit un deuil part d’une bonne intention. Toutefois, il arrive parfois d’être maladroit dans notre façon de faire, et ce, bien involontairement. Voici quelques comportements à éviter :
- Invalider le droit de la personne à vivre ses émotions en lui disant par exemple d’arrêter de se plonger dans les souvenirs qu’elle a vécu avec la personne décédée;
- Mettre de la pression, par exemple en lui disant que ça fait suffisamment longtemps qu’elle ne sort plus de chez elle et qu’elle devrait reprendre sa vie normale;
- Banaliser le deuil et donner l’impression à la personne qu’elle est faible, par exemple en lui disant, courage, la vie continue;
- Minimiser l’importance de la personne décédée, par exemple en disant qu’elle pourra refaire sa vie ou qu’au moins elle a encore son parent;
- Empêcher de vivre les émotions, par exemple en lui disant que la personne décédée ne voudrait pas la voir pleurer;
- Ne pas reconnaître la capacité de la personne à gérer son deuil à sa façon, par exemple, en disant sort, ça te fera du bien.
Comment agir quand le deuil touche un enfant?
Lors de la perte d’un être cher, l’équilibre de l’enfant est chamboulé. Son univers vient de changer et il ne sait pas comment gérer ça. Perdre un proche, pour lui, ça signifie que ceux qu’il croyait invincibles, les adultes, ne le sont pas, ce qui peut créer de l’insécurité pouvant se traduire en changements dans les comportements. L’enfant peut alors être plus colérique, plus anxieux, plus réfractaire aux consignes.
Pour aider le jeune à apprivoiser cette peine, voici quelques recommandations :
- Faire preuve de chaleur humaine : disponibilité, écoute, respect du rythme de l’enfant, flexibilité dans les actions posées, indulgence envers le jeune… et envers soi-même
- Être prévisible afin d’éviter les situations de stress. Le deuil change la vie du jour au lendemain, ce qui crée une situation anxiogène. En annonçant à l’avance les étapes à venir, en les expliquant, en discutant avec l’enfant, vous minimisez le stress occasionné, lui donner un sentiment de contrôle.
- Soyez cohérent avec vos valeurs et avec votre historique de relation avec l’enfant. La routine, les règles, la discipline devraient conserver leur logique, même dans cette situation difficile.
La présence de personnes aimantes et bienveillantes est importante pour la personne endeuillée, tout autant que le respect de ses besoins et de son cheminement durant cette période difficile de sa vie. Être à son écoute est assurément ce qui lui fera le plus grand bien.
Source : Deuil jeunesse